Développement durable

L'insoutenable pesanteur de l'inertie

Julien Brun / Publié le 15:31 15.09.2022


Dans la lutte pour la défense de l’environnement, le réchauffement climatique est l’un des grands ennemis du XXIème siècle. Nous connaissons les prévi- sions (hausse des océans, canicules, raréfaction de l’eau, migrations, morta- lité, etc.) et savons que plus les émissions de gaz à effet de serre seront importantes, plus la hausse des températures sera forte.

Julien BRUN

Nos sociétés, dites modernes, se caractérisent par l’augmentation des flux physiques maîtrisés. Cette croissance repose sur des combustibles comme le charbon, le gaz et le pétrole qui mettent des centaines de millions d’années à se renouveler. Des énergies fossiles qui impliquent une dépendance énergétique, et donc politique, vers l’étranger (l’UE importe 96% de son pétrole, dont 1⁄3 de Russie). Ainsi, les enjeux d’indépendance et de réchauffement climatique sont liés par la géopolitique.

Bien évidemment, il est impossible de fermer le robinet d’emblée, car les systèmes énergétiques sont lents et nécessitent une anticipation de plusieurs décennies. Imaginons donc un plan systémique sur 30 ans, aboutissant sur l’indépendance aux combustibles fossiles et réussissant au passage, le défi des 2° des Accords de Paris. Il obligerait une baisse annuelle des émissions de gaz à effet de serre de 5%. Ce qui correspond à l’année 2020; celle de la Covid! C’est là, le genre d’effort qu’il faudrait faire chaque année1.

Si nous sommes tous relativement d’accord sur la nécessité d’agir, ni le consommateur, ni le citoyen ne souhaitent pourtant changer de mode de vie. Conséquemment, les industriels et les politiques qui en dépendent ne modifient que très lentement leur mode de fonctionnement. Une partie des conséquences est pourtant déjà inévitable mais si plusieurs chapitres de la dérive climatique sont déjà écrits, nous pouvons encore agir sur la vitesse à laquelle ce réchauffement va s’accélérer.

L’époque n’est donc plus aux débats politiques et philosophiques qui auraient dû être menés dans les années 70 déjà mais bien à l’action. Et dans cette course à la diminution des émissions de gaz à effet de serre, on entend encore que les éoliennes seraient moches... le beau étant ô combien relatif (allez dire ça au Moulin de Rambrandt), personne ne dit qu’il faut en implanter partout!

L'ombre des pales et le bruit créeraient des nuisances pour les habitants... à charge de nos politiques de veiller au respect des distances. Les panneaux photovoltaïques et les batteries des véhicules électriques sont une dépendance envers l’Asie... à nous d’en fabriquer en veillant au respect environnemental et humain des matériaux qui les composent. Le nucléaire est une abomination dangereuse... Qui, mis à part les industriels du nucléaire, aime le nucléaire? Personne mais il aurait fallu trouver une autre technologie permettant une électricité continue au cours des cinquante dernières années. Cette solution transitoire n'émet que très peu de CO2 et ses réacteurs de quatrième génération peuvent désormais utiliser les déchets radioactifs comme combustibles. Et pour ce qui est de sa dangerosité, les morts du nucléaire sont infiniment moindres que ceux des énergies fossiles.

L'énergie est partout et fait fonctionner le monde; elle relève de la capacité de nos économies en contraction à investir dans les modes de production, mais aussi à notre propre volonté d’interroger les notions de satisfaction et de sobriété. C’est peut-être d’autant plus vrai pour le Luxembourg, important l’entièreté de son pétrole et de son gaz et 85% de son électricité, mais qui, en même temps, vise la neutralité climatique pour 2050...

Julien BRUN