Développement durable

Résidences: un tri optimisé

Julien Brun / Publié le 08:29 10.07.2023 | 03 min


On le sait, la croissance démographique engendre avec elle, son lot de défis comme la mobilité, les services publics ou encore le logement. Avec l’augmentation exponentielle du nombre de résidences dans le pays, la gestion des déchets est essentielle dans la réduction de l’empreinte environnementale. C’est pourquoi la loi du 21 mars 2012 contraint les résidences au tri sélectif. Une décennie plus tard, moins de la moitié d'entre elles sont conformes à la législation. “Il reste encore un long chemin à parcourir” avoue Daniel Bronden, conseiller pour immeubles résidentiels à la Superdreckskëscht.

Daniel Bronden, conseiller pour immeubles résidentiels à la Superdreckskëscht / Photo©EricDevillet

Que dit le changement de législation de 2012 ?

Il oblige les résidences à se doter d’un local de tri pour les déchets. Cela peut paraître simple mais dans la réalité, n’est pas une mince affaire. À l'époque, l’immense majorité d'entre elles ne disposaient que d’une poubelle noire et avec un peu de chance, un emplacement pour les papiers-cartons.

La volonté du législateur était donc d'insuffler un véritable changement, mais sans préciser exactement quels étaient les déchets à trier. De cette loi, découle également des obligations pour les communes qui devaient mettre en place des collectes bio, papier-carton, verre, PMC et déchets problématiques. L'idée était donc d'obliger les résidences à se calquer sur ces obligations de collecte.

Des balbutiements du début, il aura fallu de nombreuses discussions pour aboutir aux système actuel qui a véritablement pris forme en 2017.

“Nous devons nous rendre sur place pour penser les solutions adéquates.”

Daniel Bronden

Justement, parlez-nous du système actuel et du type de déchets concernés ?

La loi concerne aussi bien les nouvelles bâtisses que les anciennes et je dirais que dans l'immense majorité des cas, il est possible de la respecter. Néanmoins et faute de place, un certain nombre de résidences n’ont pas de locaux appropriés.

Aujourd'hui, dès la conception d'un bâtiment, les architectes pensent au local de tri, ce qui n’était pas un réflexe auparavant. Il en va de même pour les promoteurs immobiliers et les communes qui viennent à nous pour prendre conseil quant aux dimensions et aux agencements à prévoir.

Il s’agit des déchets bio, du papier-carton, du verre, des emballages PMC (pris en charge par Valorlux) et des déchets dangereux (par la SDK).

Toutes les affiches et les photos sont téléchargeables gratuitement sur notre site internet.

“La simulation du potentiel est l'élément clé qui permet d’optimiser le tri mais également le rythme de la collecte.”

Daniel Bronden

Dans quelle mesure le service SDK résidence peut-il être une aide ?

Il offre gratuitement le conseil aux architectes, aux gestionnaires de syndic et même aux résidents. Nous nous déplaçons sur place pour faire un inventaire et un état des lieux. De ces études, nous pourrons ensuite réaliser une simulation de potentiel extrêmement précise.

Ce rapport est une analyse détaillée qui tient compte du nombre et de la nature des conteneurs mais aussi du rythme de vidange par semaine. La simulation du potentiel est véritablement l'élément clé qui permet d’optimiser le tri mais également le rythme de la collecte. Avec des résultats qui peuvent parfois réduire de moitié les coûts de gestion liés aux déchets.

Nous émettons ensuite une proposition d’agencement du local. Outre les m2 disponibles, une multitude d’éléments peuvent influer sur son efficacité comme la largeur des portes, les rampes d’accès, les ascenseurs ou les escaliers. Cette proposition prend compte du nombre de bacs, de leur taille, et ce pour chaque type de déchet. Ensuite, le label peut être décerné à la résidence pour récompenser les efforts du syndic.

Parlons chiffres, combien de résidences sont conformes à la législation?

Aujourd'hui 51 syndics sont affiliés à la SDK, 11 ont même une licence (c'est-à-dire qu'ils sont formés par nos soins) et 32 résidences ont le label. Cependant, une centaine sont en contact régulier avec notre service. Ce qui correspond à un portefeuille d'environ 6.000 résidences sur un total approximatif de 15.000 que compte le territoire grand-ducal. Il reste donc encore beaucoup de travail.

Les syndics sont légalement tenus d'avertir les copropriétaires de ces obligations. Bien évidemment, cette dernière peut dire non mais dans ce cas, le syndic doit mettre cette question à l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale. Cela permet aux nouveaux propriétaires d’être tenus au courant de la situation et de leurs obligations.

Si la loi prévoit des amendes, les contrôles sont encore trop peu nombreux mais cela devrait changer dans les prochains mois.

Que pensez-vous de la poubelle intelligente (e-trash); est-elle toujours nécessaire ?

Trier permet de réduire son empreinte environnementale. Mais avec un même récipient, tous les résidents paient la même taxe de collecte, indépendamment de la quantité de déchets que chaque ménage y déverse.

Selon la politique du pollueur-payeur, la poubelle intelligente offre la possibilité de facturer en fonction de la quantité de déchets qu’y dépose un ménage. Un badge d’identification donne accès à la poubelle qui détecte l'usager et enregistre sa fréquence d’utilisation. Au Luxembourg, 150 poubelles intelligentes sont déjà installées à travers le territoire.

Elles sont donc un moyen d’incitation efficace et plus particulièrement dans les résidences où le tri n’est pas bien réalisé.

SDK